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EPR
"Loin de proclamer un conflit plus ou moins larvé entre relativité et quanta, le phénomène des corrélations EPR proclame au contraire une invariance relativiste bien plus forte que celle élucidée autour de 1905 par Lorentz, Poincaré et Einstein (…).
Pour ajuster le discours à cette phénoménologie, il faut, et il suffit, d'accepter un concept non-fléché de la causalité, où "cause efficiente" et "cause finale" sont vraiment symétriques l'une de l'autre."
(Le temps déployé, passé-futur-ailleurs, Le Rocher, 1988)
Dès le début de sa carrière scientifique Olivier Costa de Beauregard a réfléchi au paradoxe d'EPR (Einstein, Podolsky et Rosen, 1935), dont il propose son interprétation en 1947 (voir S. Ortoli et J.P. Pharabod, Le Cantique des quantiques, 2007, pp. 100 et 104-108). Celle ci sera publiée en 1953 dans une note aux Comptes Rendus de l'Académie des Sciences (C.R.A.S, 236, 1953).
Dès les années 1970, OCB proposa de refaire l'expérience de John Bell et Abner Shimony (inégalités de Bell), en l'améliorant toutefois. En particulier il propose de changer l'orientation des polariseurs après que les photons aient quitté la source, ce qui permet d'une part d'éliminer l'influence possible de cette orientation sur la source, et d'autre part les appareils ne pourront communiquer entre eux avant que les photons ne les aient atteints (voir O. Costa de Beauregard, Le temps déployé, 1988). C'est Alain Aspect qui fera l'expérience à l'Institut d'Optique de Paris (1979-1982).
OCB avait prédit que les résultats de l'expérience ne prendrait pas en défaut le formalisme mathématique, que la mécanique quantique dit vrai et que la non-séparabilité (intrication quantique ou non-localité) peut s'exprimer au niveau macroscopique, ce qui fut le cas. L'ensemble de ces affirmations allant dans le sens de son interprétation du paradoxe EPR.
"Le système quantique individuel ignore toute dissymétrie entre passé et futur – en particulier dans le problème du collapse de la fonction d'onde (psi) lié à l'acte de mesure ; c'est ce que le formalisme mathématique exprime depuis l'origine (en particulier sous sa forme covariante relativiste), mais qu'on s'obstinait à ne pas voir, par suite d'une projection indue de l'expérience macroscopique (…)
J'exposerai le paradoxe au moyen d'un apologue. A 0 heure GMT, deux voyageurs quittent Calcutta C, l'un pour Londres L, l'autre pour Tokyo T, portant chacun une boîte close contenant, ou non, la boule unique qu'un troisième homme, à Calcutta, a placée derrière un voile. Arrivés à 6 heures GMT chacun ouvre sa boîte, et conclut aussitôt ce que trouve l'autre. La remarque importante est que l'interférence logique explicite ne suit pas le vecteur du genre espace LT ou TL (physiquement vide), mais le zigzag du genre temps LCT ou TCL (physiquement occupé), une fois vers le passé, une fois vers le futur.
Mais – et c'est l'essence du paradoxe d'Einstein – tandis que classiquement c'est en C que "le dé était jeté" la mécanique quantique a une raison impérieuse de déclarer que c'est en L ou T (en L et en T si les deux mesures sont faites) que le dé est jeté".
Le formalisme mathématique prédit que les mesures faites en L et en T produisent le même collapse du psi dans leur commun passé." (conférence publique, 1976)
Bibliographie
- Une réponse à l'argument dirigé par Einstein, Podolsky et Rosen contre l'interprétation bohrienne des phénomènes quantiques – C.R. de l'Académie des Sciences, 1953, tome 236, pp 1632-1634 (1953)
- Le postulat d'Einstein concernant la propagation des signaux et les fonctions de Green d'Univers de la théorie quantique des champs - C.R. de l'Académie des Sciences, 1955, tome 241, pp. 1921-1922 (1955)
- Symétrie temporelle de la transition quantique et paradoxe d’Einstein, Podolsky et Rosen – C.R. de l’Académie des Sciences, tome 282, série A, pp. 1251-1254 (1976)
- Relation étroite entre la non-séparabilité d’Einstein-Podolsky-Rosen et la non-localité de la théorie des antiparticules de Feynman – C.R. de l’Académie des Sciences, tome 283, série A, pp. 1003-1005 (1976)
- Time symmetry and the Einstein paradox - « Il nuovo cimento », vol. 42, n° 1, 11 novembre 1977, pp. 41-64
- Experimental evidence of the Einstein paradox – « Lettere al nuovo cimento », vol. 19, n° 4, 26 mai 1977, pp. 113-116
- The expanding paradigm of the Einstein paradox – « The Iceland papers, select papers on experimental and theoretical research on the physics of conciousness » actes du colloque à Reykjavik, 1977, ed. by A. Puharich ; Essentia Research associates, 1979, pp. 161-191
- The 1927 Einstein and 1935 EPR paradox - « Physis », anno XXII, fasc. 2, Florence, Leo S. Olschki ed., 1980, pp. 211-242
- Le paradoxe d’Einstein, Podolsky et Rosen : brève introduction au sujet - « Einstein, 1879-1955 », colloque du centenaire au Collège de France, les 6-9 juin 1979, pp. 243-247, éd. du Centre National de la Recherche Scientifique, 1980
- Mon interprétation de la corrélation d’Einstein – « Einstein, 1879-1955 », colloque du centenaire au Collège de France, les 6-9 juin 1979, pp. 299-305, éd. du Centre National de la Recherche Scientifique, 1980.
- Le correlazioni di Einstein (1927) o di Einstein-Podolsky-Rosen (1935) – « Epistemologia », VIII, “Gli strumenti nella storia e nella filosofia della scienza”, pp. 67-82